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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/341

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PAR LES FEMMES.

posé, pour y passer la nuit, son disque souriant.

Doucement bercé par le roulement monotone de la voiture, qu’emportaient deux vigoureux postiers, Jacques se laissait aller au charme voluptueux qu’éprouve l’esprit alourdi pendant la digestion d’un repas copieux.

Un cahot le tira soudain de sa torpeur. La voiture venait de franchir la grille du parc. Au lieu du roulement sonore sur le sol macadamisé de la grand’route, ce fut alors le crépitement des graviers qui faisaient aux roues un moëlleux tapis et qui, sautant, cinglaient les garde-crotte.

Quelques minutes après, la victoria s’arrêtait devant le perron, que semblaient garder, majestueux, sentinelles immuables, deux gigantesques lions de pierre.

Un domestique se présenta :

M. Barnesse, dit-il à Jacques, prie Monsieur de bien vouloir passer dans son cabinet avant de monter à l’appartement de Madame.

Jacques regarda sa montre : il était minuit.

— À cette heure ! fit-il. Que peut-il avoir à me dire ? C’est étrange.