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Page:Pierre Daru - l'astronomie - poème en six chants.djvu/277

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CHANT SIXIÈME.

L’autre face, sans cesse évitant notre vue,
Ne connaît point la terre et lui reste inconnue.
D’hémisphères gémeaux ô bizarres destins !
L’un obscur, effleuré de quelques feux lointains,
Suit un guide invisible en sa marche tracée,
Sans savoir que la terre est près de lui placée.
Pendant ses longues nuits, si lentes dans leur cours,
Égales en durée à quinze de nos jours,
Il roule enveloppé de ténèbres profondes.
Pour lui plus de flambeau dans l’abîme des mondes
Jusqu’au jour qui lui rend son maître couronné.
Cependant que vers nous sans cesse ramené,
L’autre voit dans les nuits briller un orbe immense.
Qui du soleil jaloux fait oublier l’absence.
Que dis-je, pour jouir d’un spectacle si beau,
Pour admirer aux cieux le terrestre flambeau,
Cette lune, qu’on dit par la glace envahie,
Conserve-t-elle encor quelques restes de vie ?
Nous contemplons son disque, image du chaos,
Et ces mers où jamais ne s’agitent les flots,