Aller au contenu

Page:Pierre Daru - l'astronomie - poème en six chants.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
269
CHANT SIXIÈME.

Reçurent les débris de ce vaste naufrage.
Là, seuls, nus, au milieu d’une mer sans rivages,
Les plus infortunés, car ils vivaient encor,
N’attendaient que la mer, la famine et la mort ;
La mort, à chaque instant plus pâle et plus affreuse,
S’avançait en roulant sur la vague orageuse.
Après trois longues nuits, les autans conjurés
Ont enfin, dispersant les lambeaux déchirés
Du voile ténébreux qui couvrait l’hémisphère,
Rendu la terre au ciel et le ciel à la terre ;
Mais en vain à ce ciel qui les avait proscrits,
Les mères, les vieillards redemandaient leurs fils ;
Par la faim enhardis, sur la fange liquide
Quand ils osent enfin poser un pied timide,
Oh terreur ! plus d’espoir ! leurs champs sont ravagés,
Leur famille est éteinte, et les climats changés.
Même les animaux descendus des montagnes
Ne reconnaissent plus leurs bois et leurs campagnes.
De son génie alors rappelant le secours,
L’homme de ses travaux recommença le cours ;