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Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/166

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CHAPITRE IX.


Ananius.


Je n’ai rien à dire d’Ananius, sinon que c’était un poëte satirique de l’école d’Hipponax, son contemporain selon toute apparence, et qui s’était servi comme lui du choliambe. On ne sait pas dans quel pays il était né ; et il n’est pas bien sûr que les vers cités sous son nom par certains auteurs ne soient pas d’Hipponax lui-même, car plusieurs de ces vers sont attribués par d’autres à Hipponax. D’après les règles ordinaires du trimètre ïambique, les pieds impairs peuvent être indifféremment des spondées ou des ïambes. Il paraît qu’Hipponax n’usait pas, ou du moins n’usait qu’accidentellement, de la liberté de mettre un spondée au cinquième pied. Ananius, au contraire, pour donner à sa versification un caractère d’originalité, et sans doute afin d’enchérir sur son maître, se fit une loi de ce qui n’était qu’un accident chez Hipponax : ses choliambes se terminaient régulièrement par deux spondées. C’est ce qu’on a nommé le vers ischiorrhogique, autrement dit le vers dégingandé, le vers déhanché.


Apologue.


L’apologue, que nous avons vu apparaître dans la poésie grecque dès le temps d’Hésiode, et dont nous avons trouvé aussi la trace dans les fragments d’Archiloque, ne commença pourtant à être cultivé comme genre particulier de littérature que dans le sixième siècle, et peut-être même après Hipponax et Ananius. Encore n’est-ce que par conjecture qu’on reporte jusqu’à cette époque les premiers essais des poëtes fabulistes. Ésope, que les Grecs regardaient comme l’auteur de tous ces apologues qui couraient par le monde, vivait, il est vrai, dans la première moitié du sixième siècle. Mais Ésope n’était ni un Grec ni un poëte ; et il est douteux qu’Ésope ait jamais rien écrit, en quelque langue que ce soit. Les inventions de ce conteur moral, ou, si l’on veut, les emprunts qu’il avait faits aux trésors des littératures orientales, n’arrivèrent sans doute que lentement, apologue par apologue,