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Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/518

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CHAPITRE XLI. ÉCRIVAINS, ETC.

de cette condamnation. Il montre que la prétendue qualité prônée par Denys, le ton oratoire et les périodes cadencées, est un vrai défaut, et que Polybe a bien fait de n’y point tomber. Puis il ajoute : « Un style militaire, simple, négligé, se pardonne à un écrivain tel que le nôtre, plus attentif aux choses mêmes qu’aux tours et à la diction. Je n’hésite donc point à préférer au jugement de ce rhéteur celui de Brutus, qui, loin de trouver la lecture de Polybe ennuyeuse, s’en occupait continuellement et en faisait des extraits dans ses heures de loisir. On le trouva appliqué à cette lecture la veille du jour où se donna la fameuse bataille de Pharsale. » Polybe n’a jamais beaucoup souffert des sottises débitées à son intention par un homme que personne, chez les anciens, ne prenait pour un oracle ; mais je sais un gré infini à Rollin de sa protestation.

Polybe, durant son long exil, avait toujours présente cette patrie achéenne pour laquelle il avait tant travaillé et tant souffert. Plutarque nous le peint défendant la mémoire de Philopœmen contre les accusations d’un Romain qui voulait faire détruire les monuments élevés à la gloire du vainqueur de Machanidas. La cause se plaidait en justice, et l’éloquence de Polybe sauva les statues du héros. Ceci se passait vers le temps de la ruine de Corinthe, trente-sept ans après la mort de Philopœmen. Polybe demanda et obtint, dans sa vieillesse, de revoir son pays. Il y revint en 128 ; et il mourut, cinq ou six ans après, dans cette Achaïe où il s’était signalé jadis par sa bravoure, ses talents politiques et ses vertus.