Aller au contenu

Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
LA RÉUNION

des mesures de précaution. Au mois d’octobre 1796, il avait imposé par prudence, à la République Batave, l’arrestation du vieux van der Noot, dont le nom eût pu servir de ralliement aux « statistes »[1]. En janvier 1797, le baron J.-J. de Meer avait été fusillé pour avoir tenté de provoquer un soulèvement. Un peu plus tard, les lois contre l’Église avaient permis d’expulser du pays van Eupen, le chanoine Duvivier et le cardinal de Franckenberg. On sentait bien que des mécontents s’agitaient ça et là, mais l’impuissance de leurs efforts témoignait de l’absence de tout péril sérieux. Le baron d’Hartemberg, un des émissaires les plus actifs du Comité d’Emmerich, n’aboutissait à rien[2]. Et on peut supposer que le « club monarchique », que le Commissaire Mallarmé se vante d’avoir fait fermer en mars 1798, n’était pas bien redoutable. Les seuls excitateurs à craindre étaient les moines, dont la dispersion favorisait d’autant plus les manœuvres que l’interdiction de porter l’habit les rendait plus difficiles à dépister.

Tout cela était gênant sans doute, mais rien de plus. En 1795, en pleine guerre, les agents de la République avaient encore pu croire à l’explosion d’une « nouvelle Vendée ». Après la paix de Campo-Formio, plus rien de tel n’est à redouter. Il est trop évident que toute tentative d’insurrection serait écrasée dans l’œuf. Le Directoire est si rassuré qu’il a réduit au strict minimum l’occupation militaire du pays. Au milieu de 1798, les troupes stationnées dans la Dyle comprenaient à peine 700 hommes. Il n’y en avait certainement pas plus de sept à huit mille dans toute la Belgique.

On en était là quand l’approche d’une nouvelle coalition contre la France poussa le Corps législatif à voter, le 3 septembre 1798, la loi organisant la conscription. Elle déclarait soldats et répartissait en cinq classes tous les hommes non mariés de 20 à 25 ans. La première classe, convoquée le

  1. P. Verhaegen, La détention d’Henri van der Noot en 1796-1797. Bulletin de la Commission royale d’Histoire, 5e série, t. I [1891], p. 167 et suiv.
  2. P. Verhaegen, Le baron d’Hartemberg. Mém. in-8o de l’Académie de Belgique, 2e série, t. VII [1910].