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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/140

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LA RÉUNION

qu’enlevés à son contrôle, les Belges eussent aussitôt appliqué à leur guise les lois révolutionnaires. Leur abandonner le recrutement de l’administration, c’eût été reconstituer en fait leur autonomie. Laissés à eux-mêmes, ils ne se fussent pas emboîtés dans l’uniformité du régime que la réunion leur avait imposé sans se soucier de l’adapter à leurs mœurs et à leurs besoins. Bon gré mal gré, ils devaient rester en tutelle aussi longtemps que le sentiment national ne se serait point évanoui — et il ne s’évanouissait pas. Ceux-là seuls chez qui l’étouffaient l’intérêt ou la passion politique, anticléricaux comme Lambrechts et Rouppe ou acheteurs de biens nationaux, supportaient une situation qui s’accordait avec leurs principes ou qui garantissait leur fortune récente. Les autres en étaient à ce point où l’on accepte tout changement pourvu qu’il mette fin aux maux dont on souffre. Qu’il vînt de France, ou qu’il vînt des alliés, on attendait un sauveur. Le coup d’État du 18 brumaire devait être salué comme une délivrance.