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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/143

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CHAPITRE PREMIER

LE NOUVEAU RÉGIME

Pour la Belgique bien plus encore que pour la France, le Consulat et l’Empire forment bloc. Ils se détachent nettement dans son histoire comme une période de stabilisation pendant laquelle le nouveau régime s’infiltre dans la nation, la pénètre et la transforme. Ils ont amené la Belgique au point où ils ramenaient la France, et la Révolution contre laquelle ils réagirent dans celle-ci, ils l’ont définitivement implantée dans celle-là. Les souvenirs des Belges ne les reportaient point aux années héroïques de l’idéalisme républicain. Ils n’avaient pas chanté la Marseillaise, pris part à la fête de la Fédération, fourni des volontaires aux armées, éprouvé l’orgueil d’affranchir le monde. La République que leur avait fait connaître le Directoire, n’avait été pour eux qu’une forme de la servitude. C’est seulement à partir du coup d’État de brumaire qu’ils s’accoutumèrent à voir dans les droits de l’homme les principes de leur vie collective.

Si les alliés s’étaient emparés de la Belgique en 1799, on conçoit très bien que la restauration de l’Ancien Régime y eût été possible. Elle ne l’était plus quand ils s’en emparèrent en 1814. L’œuvre constructive de la Révolution ne commence dans ce pays qu’avec Bonaparte : il y inaugure l’ère moderne. À la fin du Directoire, la Belgique ancienne était par terre ; à