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VI
AVANT-PROPOS

reçu par force de la République, elle s’y accoutume sous le Consulat et sous l’Empire et s’y adapte définitivement sous le règne du roi Guillaume. C’est la transformation rapide des institutions, des mœurs, de l’état économique et de l’état social que je me suis donc attaché à décrire. En revanche, je devais négliger d’embarrasser mon récit des guerres et des événements diplomatiques dans lesquels notre peuple a été entraîné de 1792 à 1815, mais qui lui sont aussi étrangers qu’au XVIIe et au XVIIIe siècle l’histoire d’Espagne ou l’histoire d’Autriche. La vie interne de la nation au milieu de la crise formidable qui l’a ballottée, voilà l’unique sujet de ce livre.

Sujet sans grand éclat, certes, mais instructif, et qui même, je crois, serait singulièrement attachant s’il m’avait été possible de le traiter comme il devrait l’être. Je n’ignore point que l’on n’en trouvera ici qu’une ébauche sommaire et provisoire. En dépit de l’heureuse multiplication, dans les dernières années, des études relatives à cette période, tout à la fois si courte et si dense, bien des côtés en demeurent encore dans l’ombre et la connaissance que nous en avons comporte de nombreuses lacunes. Pour bien des questions, j’en ai été réduit, en l’absence de travaux antérieurs, à recourir à des investigations d’archives trop rapides et trop superficielles pour qu’elles aient pu me fournir autre chose que des approximations. Le mérite de ce livre, s’il en a un, consiste dans le groupement des faits suivant la perspective générale de notre histoire. Ayant eu la bonne fortune de la parcourir tout entière, il me semble — peut-être est-ce une illusion — que j’ai pu saisir certaines concordances entre son passé lointain et son passé proche et qu’en éclairant celui-ci par celui-là, je