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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/368

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LA BELGIQUE DE 1815 À 1830

par une sève de jeunesse. Pour trouver un spectacle comparable à celui qu’elle offre, il faut passer par-dessus la longue période de malheurs et d’engourdissement qu’elle a subie, et remonter jusqu’au règne de Charles-Quint. L’augmentation de la population qui avait commencé à se manifester sous l’Empire est la preuve la plus frappante de cette renaissance. Elle se constate également dans les villes et dans les campagnes les plus reculées. Elle se développe deux fois plus rapidement qu’en France, et son accroissement est plus grand que celui qu’elle présente dans les provinces du Nord où pourtant la natalité est très vigoureuse. De 1815 à 1829, la population totale du royaume passe de 5,424,502 habitants à 6,235,169. Mais, si on envisage chacune de ses parties, on remarque que la Belgique intervient dans ce dernier chiffre pour 3 millions 921,082 habitants et la Hollande pour 2,314,087[1].

Incontestablement la vigueur et l’énergie sont beaucoup moins accentuées chez celle-ci que chez celle-là. On a remarqué avec raison que les éloges donnés par les contemporains à l’extraordinaire prospérité des Pays-Bas ne se justifient pleinement que pour la Belgique[2]. Les provinces septentrionales ont marché d’un pas plus lent. Il leur a fallu longtemps pour s’adapter aux circonstances nouvelles et transformer leur commerce d’entrepôt en commerce de transit. Entre les Hollandais et les Belges, on relève le même contraste qu’entre un parvenu énergique et le propriétaire opulent d’une fortune acquise. Le bien-être et le niveau général de l’existence sont plus élevés chez les premiers que chez les seconds. La quotité moyenne de l’impôt atteint en Hollande 15 fl. 48 par tête, tandis qu’elle n’est que 9 fl. 16 en Belgique. La fréquentation des écoles fournit un indice non moins significatif de l’état social des deux peuples. Sur 1000 habitants, on relève en 1827, 109 élèves dans les provinces du Nord ; celles du Sud n’en présentent que

  1. A. Quetelet, Recherches sur la population dans le royaume des Pays-Bas (Bruxelles, 1827). Cf. Keverberg, op. cit., t. II, p. 290, t. III, p. 128.
  2. Mansvelt, op. cit., p. 152, 237. Posthumus, Handelspolitiek, p. 382, constate que durant la réunion de la Belgique avec la Hollande, l’industrie de cette dernière a plutôt décliné.