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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/446

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LES JOURNÉES DE SEPTEMBRE

merait en coopérant avec elles. Sa ligne de conduite lui imposait de sanctionner les résultats de la révolution belge sans rien prétendre de plus. Par sagesse politique et intérêt dynastique, il devait, quoi qu’il pût lui en coûter, se borner à revendiquer pour la Belgique le droit à l’indépendance et, en affectant le désintéressement le plus complet, amener la Sainte-Alliance à y consentir.

Pour la réalisation de ce plan, l’appui de l’Angleterre était indispensable. De toutes les Puissances, elle semblait la plus intéressée à protéger le royaume des Pays-Bas dans lequel elle s’était longtemps complu à admirer l’un des plus beaux succès de sa diplomatie. Elle s’était flattée d’exercer sur lui un protectorat perpétuel. L’attitude de Clancarty, son représentant à La Haye, avait même fini par devenir insupportable à Guillaume. Des incidents assez vifs avaient montré en 1823 qu’il n’entendait pas se réduire au rôle d’une sorte de vice-roi britannique, et les rapports entre Londres et La Haye avaient perdu peu à peu de leur intimité première. D’autre part, la prospérité de l’industrie belge n’était pas sans inquiéter les manufacturiers anglais. Ce n’est pas seulement par libéralisme qu’ils avaient applaudi à la révolution de concurrents si dangereux, mais aussi parce qu’ils espéraient bien qu’elle affaiblirait leur force[1]. Enfin, l’Angleterre répugnait à se lancer dans une guerre générale pour laquelle elle n’était pas prête. Aussi, quand Wellington reçut l’appel adressé par Guillaume, le 29 septembre, aux Puissances signataires du traité des huit articles, son premier soin fut-il de sonder le gouvernement de Paris sur l’éventualité d’une intervention armée (1er octobre). La réponse qu’il reçut de Molé proposait une négociation entre les Puissances, étant bien entendu qu’on n’imposerait en aucun cas à la Belgique un régime dont elle ne voudrait pas. À entrer dans cette voie, on faisait de la question belge une question internationale dont la solution ne dépendait plus des intérêts du roi, mais des convenances de l’Europe. La dissolution du royaume des Pays-Bas serait, comme l’avait été sa

  1. Gedenkstukken 1830-1840, t. I, p. 95.