Aller au contenu

Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
427
LA CONFÉRENCE DE LONDRES

naissance, le résultat d’un « european agreement ». Guillaume eut beau supplier ses alliés de ne pas l’abandonner et leur rappeler leurs promesses. La guerre générale dont, pour cause, il affectait de ne pas s’inquiéter, inspirait à l’Autriche et à la Prusse une prudence salutaire. Dès le 10 octobre, Metternich constatait que le royaume des Pays-Bas n’était plus viable et qu’il fallait se borner à empêcher la réunion de la Belgique à la France[1].

L’Angleterre d’ailleurs n’avait pas attendu les suggestions de Molé pour agir. Après un premier mouvement de colère, Wellington avait repoussé l’idée d’une descente en Belgique, à laquelle il s’était arrêté un instant. Le 3 octobre, il faisait inviter les Puissances à se réunir à Londres en une Conférence qui s’ouvrit le 4 novembre[2]. Dès lors, le danger d’un conflit immédiat disparaissait. La France allait prendre part à côté de ses anciens vainqueurs à la destruction du bastion qu’ils avaient, quinze ans plus tôt, élevé contre elle. Ses intérêts furent confiés au vieux diplomate qui l’avait jadis représentée au Congrès de Vienne, à Talleyrand.

La Conférence, qui fut une amère désillusion pour Guillaume, renforçait en revanche la position des Belges, puisque du moins elle les reconnaissait comme belligérants et entrait en rapports avec le Gouvernement provisoire. Le 4 novembre, elle décidait une suspension d’armes et le retrait des armées sur la frontière telle qu’elle existait le 30 mai 1814, c’est-à-dire, avant le premier traité de Paris. Sans doute, lord Aberdeen le prenait de haut avec Sylvain van de Weyer que le Gouvernement provisoire avait envoyé à Londres. Le 7 novembre, il lui déclarait que l’Angleterre était décidée à faire respecter les traités, et il s’emportait contre les intrigues de Gendebien à Paris et le projet qu’il lui attribuait de donner la couronne de la Belgique au duc de Nemours, fils de Louis-Philippe. Les protestations du jeune diplomate lui révélèrent que ses compatriotes étaient décidés à tout pour conserver leur indépen-

  1. Gedenkstukken 1830-1840, t. III, p. 166, Cf. Ibid., p. 182.
  2. K. Hampe, Das Belgische Bollwerk, p. 34.