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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/103

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traire et l’on comprend sans peine que, dans la suite des temps, elle n’ait pas seulement subi des changements et des développements, mais aussi des attaques directes.

Il me faut, bien entendu, renoncer à toute tentative pour exposer ici, ne fût-ce qu’à grands traits, l’évolution de la causalité dans la philosophie post-kantienne ; que l’on me permette d’en relever seulement quelques marques particulièrement saillantes. Les plus sérieux adversaires du système kantien se sont élevés du côté des philosophes qui se faisaient scrupule de se risquer un peu trop loin sur le terrain métaphysique. Que l’on ne puisse pas se passer complètement de la métaphysique sans sombrer, à la fin, irrémédiablement dans le solipsisme, nous l’avons déjà vu plus haut et, à cet égard, tout système qui veut échapper tout ensemble à la métaphysique et au solipsisme, présente quelque part une lacune d’ordre logique dont nous ne pouvons ici parler avec détail : cela nous entraînerait trop loin. Mais, à de telles lacunes, des constructions prévoyantes peuvent toujours donner un aspect assez peu frappant.

Tandis que la doctrine de Kant, et avec elle tout le reste de la philosophie transcendantale de l’idéalisme absolu au matérialisme radical, s’enracine dans le sol métaphysique de la façon que nous venons de dire, le positivisme, fondé par Auguste Comte, cherche, tout au contraire, en ses diverses nuances et perfectionnements à se garder le plus possible des influences métaphysiques ; d’autant qu’il n’admet comme source légitime de connaissance que les expériences et la conscience exclusivement. D’après lui, la causalité n’a aucun fondement dans la nature des choses elles-mêmes, elle n’est, pour parler bref, qu’une invention de l’esprit humain, et si le rôle qu’elle joue a tant d’importance, c’est qu’elle a fait ses preuves comme extrêmement utile et pratique pour les hommes. La loi de causalité n’est que la mise en œuvre de cette invention. Nous connaissons toujours avec une exactitude parfaite tout ce que nous avons nous-mêmes inventé, la signification du concept de cause perd donc ainsi toute obscurité ; mais aussi demeure-t-il toujours possible qu’un jour, en tel où tel cas, l’invention se trouve inutilisable et que la loi de causalité ne joue pas. Que si, dans son sys-