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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/127

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même, d’ailleurs, qui ne voit, par nature, qu’un côté des choses ou qui s’est trop généreusement livré à des théories sociales insuffisamment muries et qui a subi d’une façon ou d’une autre quelque trouble dans son impartialité jusqu’à mettre de côté la raison naturelle, devrait, à tout le moins, raisonnablement comprendre que la loi de causalité, dès lors qu’elle ne parvient pas à nous servir de fil conducteur pour nos actes intentionnels et n’a même en principe aucun sens pour nous, comme nous l’avons vu, si l’on essaie de l’appliquer à nos propres états d’âme dans le moment présent, ne peut aucunement nous dégager de notre propre responsabilité morale pour les actes que nous sommes en train d’accomplir.

C’est seulement lorsque un acte est posé et se trouve définitivement, exclusivement, derrière nous, que nous avons le droit d’essayer de le comprendre d’un point de vue purement causal et que nous pouvons souvent obtenir une certaine connaissance de ses origines causales. Les vues que nous acquerrons alors nous seront nécessaires pour éviter, dans les cas semblables qui se présenteront à l’avenir, les fautes que nous avons faites et pour n’en pas commettre de nouvelles ! « Celui qui toujours aspire et s’efforce, c’est lui que nous pouvons sauver. » Nous avons déjà eu plusieurs fois l’occasion de relever expressément que, en soi, la loi de causalité ne pose aucune espèce de borne à l’optimisme, fût-ce le plus hardi, dans notre foi à nous-mêmes et à notre propre avenir.

Il nous faut pourtant ici ajouter encore quelque chose. Lorsque, regardant en arrière vers un événement qui nous fait une impression désagréable, nous tâchons honnêtement de nous rendre compte clairement et en détail de toutes ses suites ultérieures, il se peut que nous soyons amenés à découvrir que tel événement, dont nous nous sommes plaint d’abord comme d’un malheur, a tourné en réalité, par ses conséquences, à notre avantage, soit qu’il apparaisse seulement comme un gain fait en vue d’un but plus élevé, soit qu’il nous ait préservé de quelque malheur plus grand encore. Peut-être alors nos regrets se changeront-ils alors en satisfaction. C’est là qu’il faut chercher le sens profond de ce dicton populaire : « Qui sait à quoi cela est bon ? » De même nous ne pouvons