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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/131

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laquelle tous les corps se combinent dans des rapports de poids bien déterminés. Un gramme d’hydrogène, par exemple, se combine toujours avec 8 grammes d’oxygène pour former de l’eau, avec 35 gr. 5 de chlore pour former de l’acide chlorhydrique. 8 est donc le poids équivalent de l’oxygène et 35,5 celui du chlore, et l’on peut trouver de la même façon l’équivalent de tout élément chimique en se basant sur n’importe lequel des composés qu’il peut donner avec un autre élément. Naturellement, ces nombres n’ont de sens qu’à la condition de prendre l’hydrogène comme unité ; ils comportent donc un certain arbitraire. Mais il y a plus : leur signification se restreint au composé spécial qui a servi à les calculer. Ainsi l’équivalent 8 pour l’oxygène n’est exact que si on le rapporte à l’eau, si on le calcule à partir de l’eau oxygénée on trouve 16 et il n’y a aucune raison de choisir un de ces corps plutôt que l’autre. Tout corps simple possède donc en règle générale plusieurs équivalents chimiques. En principe, on peut même dire qu’il possède autant d’équivalents qu’il peut donner de combinaisons d’espèces différentes. Si on ne connaît aucune combinaison d’un élément, on ne possède donc aucun moyen permettant de lui attribuer un équivalent chimique.

Mais il y a un fait important, c’est que les combinaisons d’un même élément avec les autres éléments donnent toujours le même nombre pour équivalent ou des multiples exacts de ce nombre. L’équivalent 35,5 pour le chlore n’est pas seulement la quantité de ce corps qui se combine avec un gramme d’hydrogène, c’est aussi le poids qui se combine au poids équivalent, à savoir 8 grammes d’oxygène pour donner de l’oxyde de chlore. Si l’on ne veut pas voir dans cette coïncidence un hasard incompréhensible, l’idée vient naturellement à l’esprit de considérer l’équivalent d’un élément comme quelque chose qui présente un certain caractère de fixité, permettant de l’envisager en faisant abstraction des combinaisons dans lesquelles ce corps peut entrer ; et c’est là, à un certain point de vue, en faire un absolu. L’histoire de la chimie nous montre que cette généralisation de la notion d’équivalent fut accomplie de bonne heure, il y eut cependant une difficulté qui fut ressentie pendant longtemps comme particulièrement gênante. Cette