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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/138

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sonnable à dire que l’énergie d’un atome d’oxygène est 16 fois plus grande que celle d’un atome d’hydrogène ? Et ils auraient raison, s’il était insensé de parler de la transformation de l’oxygène en hydrogène. En tout cas, il est toujours hasardeux de tenir, de prime abord, quelque chose pour insensé, tant que cela ne contredit aucune loi de la logique. Il est, certes, plus sage de demeurer dans l’expectative, car un temps peut venir où une transformation, du genre de celle dont nous venons de parler, rentrera dans le domaine des choses que l’on peut raisonnablement envisager. En fait, dès aujourd’hui, on peut soupçonner que ce temps n’est pas éloigné.

Dans toutes les branches de la physique, il en est comme dans le cas de l’énergie cinétique et de l’énergie électromagnétique. Partout, comme en électrodynamique, on a été amené à passer de la considération des différences d’énergie, qui peuvent être mesurées directement à celle de la valeur absolue de ces mêmes énergies et toujours ce changement de point de vue a eu la valeur d’un progrès. Dans la théorie de la chaleur rayonnante, par exemple, à parler strictement, on n’a affaire qu’à la différence des rayonnements émis et absorbés ; car un corps qui émet des rayons calorifiques en absorbe aussi. Mais, d’après la théorie de Prévost, on sépare ces deux grandeurs et on accorde à chacune d’elles une signification indépendante. Dans la théorie du courant galvanique, on ne mesure que des différences de potentiel, cependant on parle de la valeur absolue des potentiels et l’on pose comme nul le potentiel de toutes les charges électriques situées à une distance infinie. Dans le cas de l’émission du rayonnement monochromatique d’un atome, la mesure de la fréquence de la radiation émise ne donne toujours que la différence de l’énergie atomique avant et après l’émission. C’est seulement après avoir séparé les deux termes de cette différence que Niels Bohr, pour le spectre visible, et Arnold Sommerfeld, pour les rayons de Roentgen, sont arrivés à trouver le point d’appui nécessaire pour élucider les énigmes qui se posaient à ce sujet. Ainsi donc partout et toujours, l’énergie d’un système dans un état donné à acquis un sens absolu, indépendant du rapport de cet état avec les autres états.