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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/139

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Cette tendance qui consiste à passer de la différence à chacun des termes qui la compose, ou, ce qui revient au même, à passer de la différentielle à l’intégrale, n’est pas spéciale à l’énergie ; on la retrouve à propos de nombreuses autres grandeurs physiques. Dans la théorie de l’élasticité, par exemple, les forces de volume sont ramenées à des forces de surface ; en électrodynamique, les forces pondéromotrices sont ramenées à ce qu’on nomme les tensions de Maxwell ; en thermodynamique, les grandeurs de la pression et de la température sont ramenées aux potentiels thermodynamiques. Dans tous ces cas, il s’agit d’un processus d’intégration grâce auquel on passe à des grandeurs d’un ordre supérieur. Or le problème de la détermination de la valeur absolue de ces grandeurs se confond avec celui de la détermination des constantes d’intégration et ceci nécessite un calcul séparé.

Il y a cependant, un cas particulier où je m’arrêterai un peu plus, parce qu’on ne peut encore le considérer comme complètement tranché à l’heure actuelle : c’est celui de la valeur absolue de l’entropie. Selon la définition primitive de Clausius, pour pouvoir mesurer l’entropie d’un corps quelconque, il faut qu’un cycle réversible soit parcouru ; et ce qui est calculé au moyen de ce cycle, c’est la différence des entropies à l’état final et à l’état initial. En conséquence la notion d’entropie ne se rapporte pas, normalement, à un état, mais à un changement d’état. Tout se passe donc ici exactement comme dans le cas de l’énergie et du poids atomique, avec cette restriction toutefois que dans le cas de l’entropie on n’envisage que des transformations réversibles. Il n’en est pas moins vrai que, très vite, la notion d’entropie fut généralisée, de façon à en faire une propriété caractéristique d’un état à un instant donné. Toutefois l’entropie n’était connue qu’à une constante près, puisqu’on ne pouvait toujours mesurer que des différences d’entropie.

Même en ramenant la notion d’entropie à la statistique des oscillations éprouvées dans le temps par un système physique autour de son état d’équilibre thermodynamique, on ne parvient jamais qu’à la différence de deux entropies et jamais à sa valeur absolue.

N’y aurait-il donc aucun moyen d’attribuer une valeur