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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/140

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absolue à l’entropie ? Qu’on ne me prête pas, d’ailleurs, pour autant, l’idée de répondre affirmativement, pour une simple raison d’analogie. Il faut nettement donner raison aux puristes quand ils disent qu’il est absurde de vouloir déduire de la seule valeur d’une différence, celle de chacune des termes à partir desquels elle est obtenue. En ce qui concerne la clarté des concepts eux-mêmes, il importe au plus haut point de savoir, dans tous les cas, ce qui peut ou non être déduit d’une définition. À ce point de vue, la critique des puristes est indispensable ; ce sont les gardiens consciencieux de l’ordre et de la netteté dans les concepts ; ordre aujourd’hui plus indispensable que jamais. Mais la physique n’est pas une science déductive et le nombre de ses axiomes n’est pas immuable. Si un nouvel axiome se présente, il ne faut pas lui refuser le droit de cité simplement parce qu’il est étranger. Ce qu’il faut donc avant tout c’est contrôler nos idées initiales et examiner les conséquences qui en découlent.

Dans le cas présent, il n’est pas difficile de mettre en évidence l’idée sous-jacente à l’hypothèse d’une valeur absolue pour l’entropie. Considérons, à l’instar de Boltzmann, l’entropie comme étant une mesure de la probabilité thermodynamique. L’entropie d’un système en équilibre thermodynamique, doué de nombreux degrés de liberté, système dont l’énergie est déterminée, ne sera pas autre chose que le nombre des états différents que ce système peut prendre dans des conditions données. Et, si l’entropie possède une valeur absolue, cela ne veut pas dire autre chose que ceci : le nombre des états permis à ce système dans les conditions susdites est un nombre bien déterminé. Du temps de Clausius, Helmholtz, Boltzmann, une telle affirmation aurait été regardée tout de suite comme insoutenable. Tant qu’on regarde, en effet, les équations différentielles de la dynamique classique comme l’unique fondement de la physique, on doit, inévitablement, considérer tout changement comme s’effectuant d’une façon continue ; c’est pourquoi le nombre des états passibles dans des conditions externes données, sera nécessairement regardé comme infiniment grand. Mais depuis l’introduction de l’hypothèse des quanta, il en est tout autrement, et, à mon avis, d’ici peu de temps on pourra parler d’une manière