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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/147

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plus alors à la science que la ressource de se déclarer en faillite. C’est pourquoi aussi elle est contrainte à admettre l’existence des lois physiques à titre de postulat primordial et préalablement à toute démarche afin de pouvoir vivre et se développer. Pour employer le langage d’Emmanuel Kant, nous dirons qu’elle met le principe de causalité au nombre des catégories a priori, sans lesquelles aucune connaissance n’est possible. Il s’ensuit alors nécessairement que l’essence des lois physiques n’est pas plus déterminable par le seul travail de la réflexion que ne peut l’être, a priori, le contenu des diverses lois physiques particulières. Pour cette détermination il n’est qu’un seul moyen, se tourner vers la nature et l’interroger par les expériences les plus nombreuses et les plus diverses ; comparer ensuite les résultats de ces expériences et les traduire en formules aussi simples et aussi générales que possible, en un mot, se servir de la méthode inductive.

Comme le contenu d’une expérience est d’autant plus riche que les mesures qui en sont à la base sont plus exactes, il s’ensuit que le progrès de la connaissance en physique est lié de la façon la plus étroite aux degrés de perfection des instruments et de la technique des mesures. Toute l’histoire de la physique est là pour témoigner qu’il en est bien ainsi. Mais la mesure n’est pas tout ; elle n’est, en effet, de soi, qu’un événement lié à un ensemble de conditions particulières et notamment à un temps et à une situation spatiale bien délimités ; elle est même liée à un instrument de physique spécial et à tel expérimentateur à l’exclusion de tel autre. S’il y a des cas où la généralisation va de soi, il y en a d’autres aussi où il est extrêmement difficile de trouver la loi commune sous laquelle les événements étudiés doivent se ranger. Cela peut arriver, soit parce que la chose paraît absolument impossible, soit au contraire, et cela n’est pas plus satisfaisant, parce qu’il y a un trop grand nombre de généralisations entre lesquelles le choix est possible.

La seule issue à une situation de ce genre, c’est d’admettre une certaine supposition à titre d’essai, autrement dit de faire une hypothèse et de voir à quoi elle aboutit. Il peut arriver qu’une hypothèse forgée pour l’exploration d’un certain domaine se montre également féconde dans