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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/155

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de la lumière cessa de se montrer féconde et s’égara dans des discussions stériles.

Dans le domaine de la chaleur, également, la notion de substance a rendu d’éminents services. Le haut état de perfection auquel fut amené la calorimétrie dans la première moitié du siècle dernier est dû à des travaux guidés par l’hypothèse d’une substance calorique s’écoulant, sans gain ni perte, du corps le plus chaud vers le corps le plus froid. Plus tard, lorsqu’il fut démontré que la quantité de chaleur pouvait être augmentée, par exemple dans le cas du frottement, l’on vit la théorie substantielle de la chaleur passer à la défensive et chercher son salut dans des hypothèses additionnelles. Cela lui réussit quelque temps, mais l’échec final n’en fut pas moins inévitable.

En électricité, la réflexion la plus superficielle suffit à montrer les conséquences suspectes qui peuvent être la suite d’une généralisation abusive de la notion de substance. Nous y trouvons, il est vrai, la loi de la conservation de la quantité d’électricité, la conception du courant électrique qui se rattache à cette loi et la loi des échanges entre des conducteurs parcourus par des courants, tout cela peut être rendu très intuitif en faisant intervenir la notion d’une substance électrique douée de propriétés dynamiques se manifestant extérieurement. Mais l’analogie ne peut plus se poursuivre, si l’on observe qu’il faut admettre l’existence d’une substance positive et celle d’une substance négative, se neutralisant complètement l’une l’autre. Voilà certes un phénomène tout à fait inacceptable dans le cas d’une véritable substance. D’autre part, il est également impossible de faire sortir du néant deux substances opposées.

Tout ceci prouve que les images représentatives et les concepts qui s’appuient sur elles, si elles sont, en physique, des auxiliaires indispensables de la recherche et si elles ont permis dans des cas innombrables de frayer la voie à des connaissances nouvelles, n’en doivent pas moins être utilisées avec la plus grande circonspection, même si pendant un certain temps leur valeur n’a pu être contestée.

Le seul guide dans la voie du progrès qui suit la découverte est et demeure la mesure, avec les notions qui s’y rattachent immédiatement ou s’en déduisent par voie lo-