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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/174

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tion révolutionnaire qui promet d’être une des plus intéressantes de son histoire. Quand on aura surmonté les causes du trouble actuel, on s’apercevra qu’il aura, non seulement contribué à la découverte de phénomènes nouveaux, mais encore que, grâce à lui, des pistes toutes nouvelles auront indubitablement été ouvertes pour l’exploration des mystères de la théorie de la connaissance. Il se peut même que, dans ce domaine, nous devions nous attendre à bien des surprises et nous pourrions voir certaines idées, aujourd’hui vieillies et tombées dans l’oubli, retrouver une importance nouvelle. Pour cette raison, il serait souhaitable que les idées et les intuitions de nos grands philosophes fussent étudiées avec attention.

Les temps où la philosophie et les sciences positives se considéraient comme étrangères l’une à l’autre et se regardaient mutuellement avec méfiance doivent être considérés comme révolus. D’une part, en effet, les philosophes se sont bien rendus compte qu’il ne leur appartient pas de tracer leur ligne de conduite aux savants, soit pour leur indiquer les buts qu’ils doivent poursuivre, soit pour leur proposer les méthodes dont ils doivent user ; et, d’autre part, les savants ont parfaitement compris que le point de départ de leurs recherches ne réside pas seulement dans les perceptions sensibles et que, même aux sciences positives, une certaine dose de métaphysique est indispensable. Il est une très vieille vérité que la physique moderne se charge de mettre en une singulière évidence, c’est qu’il y a des réalités pleinement indépendantes de nos sensations et qu’il y a des problèmes et des sujets de controverses, où ces réalités valent davantage que les plus riches trésors tirés de l’univers tel que nos sens l’appréhendent.