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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/23

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permet de donner des solutions quantitatives exactes aux problèmes les concernant, du moins dans la mesure où l’on peut considérer la théorie des phénomènes réversibles comme définitivement acquise.

Par contre, tous les phénomènes réversibles présentent l’inconvénient de n’être qu’idéals. Dans la nature il n’existe pas un seul phénomène de ce genre car tous les phénomènes naturels sont plus ou moins inséparables de frottements ou de transports de chaleur. Or dans le domaine des phénomènes irréversibles, le principe de la moindre action ne suffit plus. Le principe de l’augmentation de l’entropie introduit, en effet, dans l’univers physique un élément nouveau qui est, de soi, étranger au principe de moindre action. Le second principe requiert donc, pour son application, des considérations mathématiques d’un genre spécial, car il est chargé de traduire la propriété la plus générale des phénomènes irréversibles : celle de tendre vers un état final définitif.

Il ressortira, je l’espère, des considérations qui précèdent que le contraste existant entre les phénomènes irréversibles et les phénomènes réversibles est bien plus profond que celui qui oppose, par exemple, les phénomènes mécaniques et les phénomènes électriques. C’est donc, semble-t-il, à juste titre, qu’il convient de le mettre à la base de la division la plus générale des phénomènes physiques ; et voilà pourquoi on peut s’attendre à voir la distinction entre ces deux genres de phénomènes jouer le rôle principal dans la physique future.

Néanmoins la classification qui vient d’être exposée a besoin d’une amélioration essentielle. Il est en effet indéniable que, même sous la forme que nous venons de lui donner, la systématique physique est encore fortement entachée d’anthropomorphisme. Dans la définition de l’entropie nous avons eu recours, en effet, à l’idée de « réalisabilité » de certains changements dans l’univers, ce qui revient, en fin de compte, à rendre la classification des phénomènes physiques dépendante du plus ou moins d’efficacité de la technique expérimentale humaine ; or la perfection de cette dernière, bien loin d’être immuable, progresse sans cesse.

Si, donc, il est nécessaire de trouver une définition des