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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/24

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phénomènes réversibles et des phénomènes irréversibles valable pour tous les temps, il importe d’approfondir celle que nous venons de donner et notamment de la désolidariser d’avec tout ce qui a trait aux facultés humaines. Comment y arriver ? c’est ce que nous allons montrer.

III

Notre première définition de l’irréversibilité était vicieuse, comme nous l’avons déjà dit, parce qu’elle suppose l’existence d’une limite déterminée pour les capacités humaines. Or il n’y a rien, en réalité, qui puisse permettre de déceler l’existence d’une telle limite. Au contraire, nous voyons le genre humain tendre de toutes ses forces à reculer toujours plus loin les bornes de l’efficacité de son effort ; et nous espérons que, parmi les choses tenues aujourd’hui pour impossibles, il y en aura beaucoup qui se feront demain. On pourrait alors se demander si un phénomène qui a toujours été jusqu’à présent considéré comme irréversible, ne pourrait être reconnu plus tard comme étant en réalité réversible, par suite d’une invention nouvelle. Ceci entraînerait inévitablement la ruine du second principe de la thermodynamique, car l’irréversibilité d’un seul phénomène conditionne, on peut s’en convaincre facilement, celle de tous les autres.

Prenons un exemple concret : le mouvement tremblotant, si singulier et si facilement observable, exécuté par de petites particules suspendues dans un liquide dénommé mouvement brownien, est regardé selon les théories les plus récentes comme la conséquence des chocs des molécules du liquide contre les particules. Or si l’on pouvait, sans faire une dépense appréciable de travail, au moyen d’un dispositif extrêmement délicat, arriver à disposer et à diriger séparément chacune de ces particules de telle sorte que le mouvement brownien de désordonné devint ordonné, on aurait, sans aucun doute, trouvé le moyen de transformer sans compensation la chaleur du liquide en une force vive, appréciable, par des moyens grossiers,