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la suite fortement corroborée quand furent découverts et étudiés en détail les phénomènes de radioactivité. Du reste, les difficultés soulevées par l’examen approfondi et par la mise en œuvre de l’hypothèse des quanta perdent visiblement de leur importance, quand elles sont mises en parallèle avec le fait que cette hypothèse a permis de prévoir des résultats concordant mieux avec les mesures du rayonnement que les résultats déduits de toutes les autres théories.

Mais il y a plus. S’il est un préjugé favorable à une hypothèse nouvelle, c’est bien le fait de la voir trouver confirmation dans des domaines auxquels on ne pensait pas au moment où elle fut élaborée : or tel est précisément le cas de l’hypothèse des quanta. À ce propos, je me permettrai de citer un exemple particulièrement frappant : Depuis qu’on a réussi à liquéfier l’air, l’hydrogène et l’hélium, un nouveau et vaste domaine s’est ouvert aux chercheurs, celui des basses températures, et ce domaine a été particulièrement fertile en découvertes souvent très étonnantes. Pour échauffer un morceau de cuivre de −250° à −249° on ne doit pas fournir la même quantité de chaleur que pour échauffer ce même morceau de 0° à +1° mais bien une quantité environ 30 fois moindre. Si la température était encore plus basse la quantité de chaleur serait encore plus petite jusqu’à décroître au delà de toute limite. Ce fait heurte, non seulement toutes les idées courantes, mais encore il s’oppose diamétralement aux exigences de la théorie classique. En effet, si depuis plus de 100 ans on sait distinguer la quantité de chaleur de la température, il n’en est pas moins vrai que la théorie cinétique de la matière permet de conclure à une certaine relation entre ces deux grandeurs qui devraient être, sinon tout à fait proportionnelles, du moins variables parallèlement.

La théorie des quanta a parfaitement réussi à résoudre cette difficulté et de plus elle a conduit à un autre résultat important, c’est que les forces qui produisent les oscillations thermiques dans un corps solide sont absolument de la même espèce que les forces qui provoquent les vibrations élastiques. Actuellement il est possible, grâce à l’hypothèse des quanta, de calculer l’énergie calorifique d’un corps monoatomique aux diverses températures à partir