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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/71

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n’entrent pas en ligne de compte. Il était donc naturel de penser que la découverte de cette fonction remarquable serait susceptible de permettre d’élucider plus à fond la nature des relations existant entre l’énergie et la température, or c’est là le problème principal de la thermodynamique et par suite de toute là physique moléculaire. L’unique moyen pour arriver à résoudre ce problème consiste à choisir parmi tous les corps qui s’offrent à nous dans la nature, un de ceux dont nous connaissons le pouvoir d’absorption et le pouvoir d’émission et à calculer ensuite la structure de l’échange d’énergie thermique dont ce corps est le siège quand le régime stationnaire est établi. D’après la loi de Kirchhoff, la structure de cet état stationnaire doit être tout à fait indépendante de la nature du corps choisi.

Il me sembla que l’oscillateur rectiligne de Henri Hertz était un corps particulièrement approprié au but que je me proposais. Hertz venait, en effet, de donner une théorie complète des lois qui relient l’émission de son résonateur à la fréquence des oscillations[1]. Supposons maintenant un certain nombre de ces oscillateurs situés dans une enceinte fermée formée de parois réfléchissantes, ils émettront et recevront simultanément des ondes électromagnétiques et, par analogie avec ce qui se passe en acoustique dans le cas de résonateurs et d’oscillateurs qui échangent de l’énergie, un état stationnaire doit finir par s’établir ; état assimilable à l’état stationnaire correspondant au rayonnement du corps noir. Je me pris à espérer d’une façon qui semblerait aujourd’hui un peu naïve qu’en appliquant les lois de l’électrodynamique classique je pourrais arriver à en déduire dans ses grandes lignes le comportement du phénomène, à condition de m’en tenir aux généralités et de m’abstenir d’hypothèses trop spéciales.

Je m’attachai donc tout d’abord à trouver les lois de l’émission et de l’absorption d’un résonateur rectiligne en me plaçant au point de vue le plus général possible. Pour cela je pris une voie détournée, j’aurais pu en effet abréger mon travail en m’appuyant sur la théorie électronique de H. A. Lorentz déjà connue dans ses grandes lignes ; mais je ne me fiais pas alors entièrement à l’hypothèse électronique, aussi je préférais m’en tenir à considé-

  1. H. Hertz : Ann. d. Physik, vol. 36, p. 1 (1889).