Aller au contenu

Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rer l’énergie qui entre et qui sort d’une surface sphérique située à une distance donnée du résonateur. Naturellement, il ne s’agit ici que de phénomènes ayant lieu dans le vide, mais leur connaissance suffit pour permettre de tirer des conclusions en ce qui concerne les variations de l’énergie du résonateur lui-même.

Ceci me conduisit à une longue série de recherches dont quelques-unes purent être contrôlées par comparaison avec les résultats d’observations déjà effectuées, notamment avec les résultats des mesures d’amortissement dues à Bjerknes ; elles se trouvèrent confirmées[1]. Leur aboutissement fut l’établissement d’une relation générale entre l’énergie d’un résonateur possédant une période propre et l’énergie du rayonnement spectral correspondant dans le champ entourant ce résonateur, quand le régime stationnaire est établi[2]. Le plus remarquable dans tout ceci fut que la relation trouvée ne dépendait aucunement de la nature du résonateur et que, notamment, elle était indépendante de sa constante d’amortissement. J’étais d’autant plus satisfait de ce résultat qu’il me permettait de simplifier tout le problème en remplaçant l’énergie du rayonnement par celle du résonateur. Au lieu d’avoir un système compliqué possédant un grand nombre de degrés de liberté, je n’avais plus qu’un système simple avec un seul degré de liberté.

Cependant tout ce que j’avais fait n’avait pas d’autre importance que celle d’un travail d’approche avant d’aborder le problème proprement dit dont le mystère restait inviolé, tel une cime majestueuse entourée de précipices. Ma première tentative échoua. J’avais espéré que le rayonnement du résonateur se distinguerait par une caractéristique quelconque du rayonnement absorbé, de telle sorte qu’on pourrait établir une équation différentielle ; or le résonateur réagissait seulement vis-à-vis des rayons qu’il émettait et il ne se montrait aucunement sensible aux radiations spectrales avoisinantes.

Je suggérai alors que le résonateur pourrait exercer une action unilatérale, donc irréversible, sur l’énergie du champ qui l’entoure, mais je m’attirai la contradiction énergique de L. Boltzmann[3]. Avec l’expérience plus mûre qu’il possédait de ce genre de questions, il eut tôt

  1. Sitz. Ber. d. Preuss. Akad. d. Wiss. du 20 févr. 1896. Ann. d. Physik, vol. 60, p. 577 (1897).
  2. Sitz. Ber. d. Preuss. Akad. d. Wiss. du 18 mai 1899, p. 455.
  3. L. Boltzmann : Sitz. Ber. d. Preuss. Akad. d. Wiss. du 5 mars 1898, p. 182.