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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/73

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fait de montrer que, d’après les lois de la dynamique classique, tous les phénomènes envisagés par moi pouvaient aussi bien avoir lieu dans un sens que dans l’autre, c’est-à-dire que l’onde sphérique émise par un résonateur pouvait, inversement, revenir à ce même résonateur sous la forme de surfaces sphériques se rétrécissant de plus en plus jusqu’à s’y absorber complètement. Le résonateur peut donc renvoyer dans l’espace l’énergie reçue par lui auparavant suivant la direction même dont cette énergie est venue. Si je pouvais, dans mon hypothèse du rayonnement, me passer de notions aussi singulières que celle d’ondes à sens unique, en introduisant une condition restrictive, il n’en restait pas moins vrai que toutes ces analyses montraient avec évidence l’absence d’un chaînon essentiel pour arriver à la solution complète de la question.

Il ne me restait donc plus, dans ces conditions, qu’à reprendre le problème en sens inverse, c’est-à-dire en me plaçant au point de vue de la thermodynamique, terrain sur lequel je me sentais plus à l’aise et comme chez moi. Mes recherches antérieures sur le second principe de la thermodynamique me furent, en effet, utiles en ce sens que j’eus tout de suite l’idée d’étudier, non point la température, mais l’entropie du résonateur en fonction de son énergie. À vrai dire, je n’étudiai pas l’entropie elle-même, mais seulement sa dérivée seconde par rapport à l’énergie ; parce que ce quotient différentiel est une mesure directe de l’irréversibilité du phénomène d’échange d’énergie entre le résonateur et le rayonnement ambiant. Cependant, comme ma tournure d’esprit était alors trop phénoméniste, je ne me posai pas la question du rapport entre l’énergie et la probabilité et je m’en tins à la seule considération des résultats expérimentaux, Nous étions alors en l’année 1899 où la loi de répartition de l’énergie énoncée par Wien[1] suscitait le plus vif intérêt. Cette loi avait été contrôlée expérimentalement, d’une part, par Paschen à l’école supérieure de Hanovre et, d’autre part, par Pringsheim et Lummer à l’Institut impérial de Charlottenburg, indépendamment du premier. La loi de Wien exprime la relation existant entre l’intensité du rayonnement et la température au moyen d’une fonction exponentielle. Or en utilisant cette fonction pour calculer la

  1. W. Wien : Ann. d. Physik, vol. 58, p. 662 (1896).