Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sage ; cependant je m’étonne bien si nos lois, aussi bien que celles de Lacédémone, ne sont pas entièrement occupées de ce qui appartient à la guerre[1].

L’ATHÉNIEN.

Peut-être la chose est-elle ainsi ; mais ce n’est pas ici le lieu de chercher querelle à vos deux législateurs : interrogeons-nous plutôt paisiblement, comme si leur but et le nôtre étaient le même ; et poursuivons notre entretien. Faisons paraître ici le poète Tyrtée, né à Athènes, et reçu citoyen à Lacédémone, l’homme du monde qui a fait le plus d’estime des vertus guerrières, comme il paraît par les vers où il dit :

Je croirais indigne d’éloge et compterais pour rien


celui qui, fût-il d’ailleurs le plus riche, et possédât-il tous les avantages (et ici le poète les énumère presque tous), ne sait pas très bien faire la guerre toutes les fois qu’il le faut[2]. Sans doute, Clinias, tu as entendu réciter les poésies

  1. Aristote, Polit. II, 7, 8, remarque, comme Platon, qu’à Sparte et en Crète, presque toute l’éducation et la plus grande partie des lois n’avaient d’autre but que la guerre.
  2. Voyez les fragments de Tyrtée, Pœtæ Græci minores, édit. de Th. Gaisford, t. I, p. 435.