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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/260

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-mêmes et sans contrainte à la pratique de la vertu ?

CLINIAS.

Étranger, rien de plus beau ni de plus solide que la vérité ; mais il me semble difficile de la faire entrer dans les esprits.

L’ATHÉNIEN.

Cela peut être. On a pourtant réussi à rendre croyable la fable du Sidonien[1], tout absurde qu’elle est, et mille autres semblables.

CLINIAS.

Quelle fable ?

L’ATHÉNIEN.

Celle qui raconte que des dents d’un serpent jetées en terre il sortit des hommes armés. C’est là une preuve bien sensible pour tout législateur, [664a] qu’il n’est rien dont il ne puisse venir à bout de persuader la jeunesse. La seule chose donc qu’il ait à faire, est de trouver le point dont il importe le plus pour le bonheur de ses citoyens qu’ils soient pleinement convaincus ; et quand il l’aura trouvé, d’imaginer les moyens de leur faire tenir sur ce point un langage uniforme en tout temps et en toutes rencontres, dans leurs chants, dans leurs discours sérieux et dans leurs fables. Si vous êtes là-dessus d’un avis contraire

  1. Cadmus. Voyez Hygin, fab’’. 178, et Ovide, III, 1, sqq.