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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/22

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ARGUMENT.

une force, et, comme substance, elle doit être une force absolue. Or, n’est-ce pas un fait que, sous le jeu varié de nos facultés et pour ainsi dire à travers la conscience claire et distincte de notre énergie personnelle, est la conscience sourde et confuse d’une force qui n’est pas la nôtre, mais à laquelle la nôtre est attachée, que le moi, c’est-à-dire toute l’activité volontaire, ne s’attribue pas, mais qu’il représente sans toutefois la représenter intégralement, à laquelle il emprunte sans cesse sans jamais l’épuiser, qu’il sait antérieure à lui puisqu’il se sent venir d’elle et ne pouvoir subsister sans elle, qu’il sait postérieure à lui puisque après des défaillances momentanées il se sent renaître dans elle et par elle ? Exempte des limites et des troubles de la personnalité, cette force antérieure, postérieure, supérieure à celle de l’homme, ne descend point à des actes particuliers, et, par conséquent, ne tombe ni dans le temps ni dans l’espace, immobile