Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/457

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[227c] PHÈDRE.

Avance donc.

SOCRATE.

Et toi, parle ; j’écoute.

PHÈDRE.

Vraiment, Socrate, la chose est intéressante pour toi ; car il a été fort question d’amour. Lysias suppose un beau jeune homme vivement sollicité, non par un amant, mais, ce qui est bien plus piquant, par un homme sans amour, qui veut démontrer qu’à ce titre même on doit avoir pour lui plus de complaisance que pour un amant.

SOCRATE.

Oh l’excellent homme ! il devrait bien démontrer aussi qu’en amour un pauvre a plus de droits qu’un riche, et un vieillard plus qu’un jeune homme : j’y gagnerais [227d] ainsi que beaucoup d’autres. L’idée serait galante, et ce serait un service à rendre au public. D’après ce que tu me dis, je me sens une si grande envie de t’entendre, que dusses-tu même prolonger ta promenade jusqu’à Mégare, pour revenir aussitôt sur tes pas après être arrivé aux pieds des murs, d’après la méthode d’Hérodicos, non, je ne te quitterais point.