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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/463

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si on leur refuse sa foi, et si l’on veut les ramener à la vraisemblance, exigent des subtilités presque aussi bizarres qu’eux-mêmes, et une grande perte de temps. Je n’ai point tant de loisir. Pourquoi ? c’est que j’en suis encore à accomplir le précepte de l’oracle de Delphes, Connais-toi toi-même ; et quand on en est là, je trouve bien plaisant [230a] qu’on ait du temps de reste pour les choses étrangères. Je renonce donc à l’étude de toutes ces histoires ; et me bornant à croire ce que croit le vulgaire, comme je te le disais tout à l’heure, je m’occupe non de ces choses indifférentes, mais de moi-même : je tâche de démêler si je suis en effet un monstre plus compliqué et plus furieux que Typhon lui-même, ou un être plus doux et plus simple qui porte l’empreinte d’une nature noble et divine. Mais, à propos, n’est-ce point là cet arbre où tu me conduisais ?

[230b] PHÈDRE.

C’est lui-même.

SOCRATE.

Par Junon, le charmant lieu de repos ! Comme ce platane est large et élevé ! Et cet agnus-castus, avec ses rameaux élancés et son bel ombrage, ne dirait-on pas qu’il est là tout en fleur pour embaumer l’air ? Quoi de plus gracieux, je te