Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/663

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SOCRATE.

Mais ces hommes vertueux sont-ils devenus tels d’eux-mêmes, sans avoir reçu de leçons de personne ? et n’en sont-ils pas moins en état d’enseigner aux autres ce qu’ils n’ont [93a] point appris ?

ANYTUS.

Je prétends qu’ils ont pris des instructions de ceux qui les ont précédés, et qui étaient eux-mêmes des hommes vertueux. Crois-tu donc que cette ville n’a point produit de vertueux citoyens ?

SOCRATE.

Je pense, Anytus, qu’il y a en cette ville des hommes recommandables par leur vertu politique, et qu’il n’y en a pas eu moins autrefois qu’à présent. Mais ont-ils été bons maîtres de leur propre vertu ? Car voilà ce dont il est question entre nous, et non pas s’il y a ou non ici des hommes vertueux, [93b] ni s’il y en a eu autrefois. Nous examinons depuis longtemps si la vertu peut s’enseigner ; cet examen nous conduit à rechercher si les hommes vertueux du temps présent et du temps passé ont eu le talent de communiquer à d’autres la vertu dans laquelle ils excellaient ; ou si cette vertu ne peut se transmettre à personne, ni passer par voie d’enseignement d’un homme à un autre. Voilà la question qui