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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/702

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TIMÉE.

Il est donc nécessaire que ce qui doit recevoir dans son sein toutes les espèces, soit dépourvu de toute forme ; de même que ceux qui composent des onguents odoriférants, mettent d’abord tous leurs soins à priver de toute odeur la liqueur qu’ils veulent parfumer ; ou de même que quand on veut façonner une substance molle, on ne lui laisse auparavant aucune forme déterminée, et on s’applique, au contraire, à l’unir et à la polir autant que possible. [51a] Ainsi, il convient que ce qui doit être propre à recevoir dans toute son étendue des copies de tous les êtres éternels, soit dépourvu de toute forme par soi-même. En conséquence, cette mère du monde, ce réceptacle de tout ce qui est visible et perceptible par les sens, nous ne l’appellerons ni terre, ni air, ni feu, ni eau, ni rien de ce que ces corps ont formé, ni aucun des éléments dont ils sont sortis ; mais nous ne nous tromperons pas en disant que c’est un certain être invisible, informe, [51b] contenant toutes choses en son sein, et recevant, d’une manière très obscure pour nous, la participation de l’être intelligible, un être, en un mot, très difficile à comprendre. Mais autant qu’on peut déterminer sa nature par tout ce que nous venons de dire, on parlerait avec exactitude en disant qu’il est du feu en tant qu’il s’enflamme, de l’eau en tant qu’il devient de la terre, et de l’air en tant qu’il