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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/703

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TIMÉE.

devient de la terre, et de l’air en tant qu’il prend la forme de ces deux corps.

Cette distinction nous conduit à étudier plus attentivement les corps dont nous venons de parler. Y a-t-il un feu en soi, et toute chose a-t-elle son existence en soi, [51c] comme nous avons coutume de le dire ? ou bien, ce que nous voyons, et ce que nous sentons par nos organes, a-t-il seul de la réalité ? n’y a-t-il absolument rien au delà ? Est-ce en vain que nous admettons pour chaque chose une idée, et des idées ne sont-elles que des mots ? Il n’est pas convenable d’affirmer qu’il en est ainsi, sans discussion et sans examen, et il ne faut pas non plus ajouter à ce discours, déjà long par lui- même, une longue [51d] recherche accessoire. Mais, si l’on pouvait se renfermer dans de justes limites, de manière à traiter ce grand sujet en peu de mots, rien ne serait plus à propos. C’est de la sorte que je vais donner mon avis.

Si l’intelligence et l’opinion vraie sont deux genres différents, nécessairement tout être en soi, toute idée inaccessible aux sens, tombe sous l’intelligence seule. Si, comme quelques-uns le pensent, l’opinion vraie ne diffère en rien de l’intelligence, tout ce que nos organes atteignent, doit être admis comme parfaitement réel. [51e] Mais il faut distinguer ces deux choses, parce qu’elles se