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XXIV
INTRODUCTION

d’étudier la justice en elle-même, abstraction faite de ses avantages ou désavantages. Or, ces deux interpellations (Glaucon 357 a-362 c, Adimante 362 d-367 e) sont de longueur égale. Après un tout petit entr’acte sur la difficulté de la tâche et la méthode qu’il prétend suivre, Socrate, conservant pour interlocuteur Adimante, décrit la cité de nature (368 e-372 c) ; puis, sur une observation de Glaucon, il se tourne vers celui-ci pour décrire la cité civilisée et guerrière, et poser la question : Comment élever les gardiens ? (372 c-376 d). Adimante soulignant l’importance de cette éducation, c’est avec lui que Socrate commence d’étudier l’enseignement de la musique et traite de tout ce qui concerne les discours et les fables (376 d-398 c). Il finit avec Glaucon cet exposé sur la musique, puis traite de la gymnastique et du choix des chefs (398 c-417 b). Dans toutes ces alternances encore, les longueurs se balancent, et, si nous faisons une coupure ici, c’est-à-dire exactement à la fin du Livre III, nous pourrons observer, tout en nous excusant de notre apparent pédantisme, que leurs proportions varient parallèlement : 221 lignes et 213, 190 (y compris les 35 du petit entr’acte) et 182, 771 et 769. En somme, sur les 2 346 lignes que comportent les Livres II et III, le rôle de Glaucon en couvre 1 172 ; celui d’Adimante 1 174 (1 139 seulement si nous soustrayons le petit entr’acte). Cet entr’acte sert d’ailleurs à rompre la monotonie de ces alternances égales, et Platon a pris soin d’y obvier encore d’une autre manière : les divisions logiques, à partir au moins du moment où Adimante et Glaucon deviennent de simples répondants, empiètent régulièrement sur les divisions de rôles.

L’étude de la condition des gardiens, entamée avec Glaucon par les règles pour la sélection des chefs, se continue avec Adimante (419 e-427 d = 332 lignes), et Socrate, proclamant achevée la construction de la cité, invite les fils d’Ariston et tous les assistants à examiner où réside en elle la justice ou l’injustice. Avec Glaucon (427 e-445 e), Socrate définit alors la justice comme harmonie des classes dans la cité et des parties de l'âme dans l’individu. Après ce long rôle de Glaucon (764 lignes), vient le court entr’acte où Polémarque, Adimante, Glaucon, Thrasymaque décident Socrate à traiter de la communauté des femmes. C’est encore à Glaucon que Socrate adresse directement cet exposé et