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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/132

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79
MINOS OU SUR LA LOI

cité, puis cessât, moyennant le tribut humain livré au Minotaure tous les neuf ans.

Au livre V (78), Diodore suit manifestement une autre tradition. Il attribue à Minos I le gouvernement de la Crète, comme au plus âgé des trois frères. Minos imposa aux Crétois les lois qui les régissent, lois qu’il prétendait avoir reçues de Zeus. Rhadamanthe (79) est uniquement le juge intègre et inexorable aux méchants. Les fils de Minos furent Deucalion et Molos. Il n’est plus question ici d’un second Minos. Ariadne est désignée comme sa fille, tandis qu’au livre IV, Deucalion et Ariadne sont les enfants de Minos II.

Plusieurs courants s’entremêlent dans les récits de Diodore. L’historien nous livre ses documents sans prendre le soin d’en faire la critique et sans même essayer de les rendre cohérents. On peut distinguer diverses tendances : 1o celle qui rapporte à Rhadamanthe l’honneur de la législation crétoise et dont Éphore se faisait déjà l’écho ; 2o un essai de conciliation des légendes contradictoires chantées par les poètes épiques et mises sur la scène par les tragiques. En créant un second Minos, on pouvait rejeter sur ce dernier tout l’odieux des cruautés commises contre Athènes, tandis qu’à son père revenait la gloire d’avoir été un homme d’État sage et juste ; 3o enfin, au livre V, nous retrouvons la version plus ordinaire, celle que nous livre aussi l’auteur du dialogue.

Témoignage
de Plutarque
Thésée XV et XVI.

Dans la biographie de Thésée, Plutarque relate et critique l’histoire de Minos. Il indique d’abord les points sur lesquels s’accordent tous les historiens. Androgée, fils du roi Minos, était mort en Attique dans une embuscade. Son père entreprit une guerre très dure contre les Athéniens, et les dieux, prenant son parti, dévastèrent le pays : la famine et la maladie sévirent avec rage ; les fleuves se desséchèrent… Apollon prescrivit aux Athéniens d’apaiser d’abord Minos s’ils voulaient voir cesser leurs maux. Comme condition de paix, Minos réclama le tribut de sept jeunes gens et de sept jeunes filles qui lui seraient envoyés tous les neuf ans. Telle est la substance commune à la plupart des historiens (ὁμολογοῦσιν οἱ πλεῖστοι τῶν συγγραφέων).

La légende tragique (τραγικώτατος μῦθος) raconte que les jeunes gens étaient mis à mort dans le Labyrinthe par le