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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/175

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NOTICE

et déprécie à son tour le genre de vie de son compagnon. Le débat entre Zethos et Amphion[1] est ouvert de nouveau. Qui l’emportera du corps ou de l’esprit ? Socrate dirige la controverse, mais laissant de côté le sportif, ou même le prenant à l’occasion pour allié, il s’adresse à l’intellectuel et la discussion s’engage sur la nature de la philosophie.


I. Érudition
et Philosophie.

La philosophie n’est pas autre chose que l’acquisition de sciences toujours nouvelles. Elle est érudition.

Une telle définition mérite d’être discutée. Socrate amène son interlocuteur à reconnaître que la philosophie, tout comme la gymnastique ou la nourriture, n’est vraiment utile que si on la pratique avec mesure et non avec intempérance. Il faut dès lors trouver une norme de cette juste mesure. À qui s’adresser pour s’en instruire ? S’il s’agit du soin de la santé ou de la culture des champs, nous savons qui pourra nous conseiller, mais puisqu’il s’agit de l’âme, quel sera notre guide ? Devant l’incertitude de l’interlocuteur, Socrate propose d’examiner la question par un autre biais.


II. Philosophie
et Culture générale.

Quelles sciences doit apprendre celui qui veut philosopher, puisqu’il ne peut les apprendre toutes ? Celles qui conviennent aux hommes libres, sciences spéculatives évidemment, et nullement banausiques, celles qui procurent du renom à qui les possède. En somme, la philosophie est une culture générale de l’esprit. — Mais alors, objecte Socrate, le philosophe ressemble au pentathle qui est toujours inférieur aux coureurs et aux lutteurs. De même, le philosophe viendrait toujours après les hommes de métier, après les professionnels. Il serait un homme de second ordre. C’est bien cela, doit avouer le défenseur de la science. Le philosophe sait un peu de tout. Il touche à tout avec mesure. La

  1. Dans une scène fameuse de sa pièce Antiope, dont nous ne possédons que quelques fragments, Euripide discutait la valeur respective de la vie d’action et de l’art. Zethos et Amphion, fils jumeaux d’Antiope, représentaient les deux points de vue opposés. Le premier vantait les mérites des exercices militaires ; le second exaltait la musique, au détriment du métier des armes.