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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/269

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NOTICE

404, partisan de Théramène, il se rallia après la mort de ce dernier au parti démocratique[1], prit part au renversement des Trente et jouit d’un grand crédit sous le nouveau régime[2]. Il fut un des principaux instigateurs du procès de Socrate.

Archinos, également allié à Théramène en 404 pour restaurer la πάτριος πολιτεία, se signala par son zèle démocratique après la chute des Trente. Aristote parle de lui comme d’un bon citoyen, ami de la légalité[3].

Il est intéressant de noter que ces hommes politiques sont aussi des rhéteurs et des adeptes de la sophistique contemporaine. Théramène passait pour disciple de Prodicos et composa un certain nombre de traités de rhétorique[4]. Aristophane, dans la comédie des Grenouilles, fait mention de lui, en même temps que de Clitophon, et les désigne tous deux comme d’habiles et subtils manieurs de mots[5]. Archinos se distingua dans le genre de l’oraison funèbre, au point qu’Isocrate paraît avoir utilisé ses discours[6] et Platon fait allusion à son talent dans Ménéxène (234 b).

On voit donc à quel milieu appartenait Clitophon, milieu de demi-politiciens, demi-philosophes qu’Aristophane raillait agréablement dans sa comédie des Grenouilles, et que l’Euripide aristophanesque revendiquait comme ses disciples authentiques, gens rompus dans l’art du beau langage, prompts à voir, à comprendre, à manœuvrer, à ruser, ouverts à toutes sortes de connaissances[7].

  1. Xénophon, Helléniques, II, 3, 42, 44.
  2. Isocrate, Contre Callim., 23.
  3. Const. d’Ath., XL.
  4. On cite de lui un περὶ ὁμοιώσεως λόγου, un περὶ εἰκότων, un περὶ σχημάτων. Cf. Christ, Gesch. der Griechischen Litterat. 6 1912, I, p. 546, p. 647.
  5. Grenouilles, 966-971. Voir scholie sur ce passage.
  6. Cf. Pauly-Wissowa, Real-Encyclopädie der Klassischen Altertumswissenschaft, II1, 540, 541.
  7. λεπτῶν τε κανόνων εἰσβολὰς ἐπῶν τε γωνιασμούς,
    νοεῖν, ὁρᾶν, ξυνιέναι, στρέφειν, ἐρᾶν, τεχνάζειν,
    κἀχ’ ὑποτοπεῖσθαι, περινοεῖν ἅπαντα…

    Grenouilles, 956-958.
    Euripide revendique comme disciples Clitophon et Théramène

    οὑμοὶ δὲ Κλειτοφῶν τε καὶ Θηραμένης ὁ κομψός (967).

    Théramène est aussi appelé σοφός, et δεινὸς ἐς τά πάντα (968).