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CLITOPHON

(ou Exhortation, éthique).


SOCRATE. CLITOPHON

406Socrate. — Clitophon, fils d’Aristonymos, nous racontait-on tout à l’heure, conversant avec Lysias, blâmait les entretiens philosophiques[1] de Socrate et vantait outre mesure la société de Thrasymaque.

Clitophon. — Et on t’a rapporté inexactement, Socrate, ma conversation sur toi avec Lysias. Oui, sur certains points, je n’ai pas fait ton éloge, mais sur d’autres, je t’ai loué. Et comme il est trop clair que tu es fâché contre moi, tout en feignant l’indifférence, bien volontiers je te répéterais moi-même mes paroles, puisque nous sommes seuls : ainsi seras-tu moins porté à croire que je te juge mal. Peut-être maintenant n’as-tu pas été bien renseigné ; aussi me sembles-tu plus irrité que de raison. Si tu veux m’en donner la liberté, je la prendrai avec plaisir, et volontiers je parlerai.

Socrate. — J’aurais certes mauvaise grâce, quand tu désires me rendre service, 407de n’y pas consentir. Il est évident que sachant mon faible et mon fort, je cultiverai celui-ci et m’y appliquerai, et je fuirai celui-là de tout mon pouvoir.

  1. Le mot διατριβή signifie la discussion philosophique, le lieu où l’on se réunit pour cet exercice (cf. Charmide, 153 a) et aussi la fréquentation familière et habituelle d’un maître. Ici le premier et le troisième sens sont étroitement mêlés : au terme διατριβή correspond συνουσία qui désigne à la fois les entretiens et la société de Thrasymaque.