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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/90

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HIPPARQUE OU L’HOMME CUPIDE

Mais la tradition attribue à Hipparque la tyrannie à cause de ses malheurs (VI, 55). L’historien raconte l’assassinat du Pisistratide suivant la version réfutée par le pseudo-Platon. La cause du meurtre ne fut pas d’ordre politique, la haine de la tyrannie, mais d’ordre purement privé : l’amour déraisonnable d’Hipparque pour Harmodios, la jalousie d’Aristogiton, l’affront fait à la sœur d’Harmodios qui devait remplir l’office de canéphore aux Panathénées, tels furent les motifs réels qui suscitèrent le complot. Le prétexte fut politique et la conjuration enveloppa tous les Pisistratides, mais, en fait, le premier visé était Hipparque. On le vit bien, car si le coup dirigé contre Hippias échoua, Aristogiton et Harmodios n’eurent point de repos qu’ils ne se fussent vengés de celui qu’ils voulaient d’abord atteindre (VI, 54-59).

Version
d’Aristote.

Dans la Constitution d’Athènes (ch. xviii), Aristote désigne Hipparque et Hippias comme les maîtres du pouvoir, en raison de leur rang et de leur âge. Mais « Hippias, étant l’aîné, et par nature homme d’État et sage, était à la tête du gouvernement ». Au prudent Hippias est opposé l’artiste Hipparque « de caractère enjoué, porté à l’amour et ami des arts (ce fut lui qui appela à Athènes Anacréon, Simonide et les autres poètes) ». Pourtant ni l’un ni l’autre n’est regardé comme la cause des maux qui survinrent. Le véritable responsable fut un de leurs frères plus jeunes, Thettalos qui était d’un naturel téméraire et insolent. C’est à lui qu’Aristote rapporte le fait mentionné par les autres historiens. « En effet, il s’était épris d’Harmodios et avait été déçu dans son amour ; loin de contenir son ressentiment, il en montrait à toute occasion la violence ; et à la fin, comme la sœur d’Harmodios devait porter une corbeille aux Panathénées, il l’en empêcha en insultant Harmodios qu’il traita d’efféminé. C’est pourquoi Harmodios et Aristogiton, exaspérés, accomplirent leur acte après s’être assuré beaucoup de complices. Ils guettèrent donc aux Panathénées dans l’Acropole Hippias (il recevait la procession qu’Hipparque faisait

    καὶ Ἀριστογείτονος τύραννον ὄντα ἀποθανεῖν, καὶ οὐκ ἴσασιν ὅτι Ἱππίας μὲν πρεσβύτατος ὢν ἦρχε τῶν Πεισιστράτου υἱέων… Voir encore VI, 54.