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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/93

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NOTICE

classe dans la quatrième tétralogie qui comprend le Premier Alcibiade, le second Alcibiade, Hipparque, les Rivaux.

Déjà l’antiquité a émis des doutes sur son authenticité et, au iiie siècle, Élien se demande si ce dialogue est vraiment de Platon[1]. Presque tous les critiques modernes s’accordent à le déclarer apocryphe, mais diffèrent quand il s’agit de déterminer son auteur et l’époque de sa composition[2].


1. Si nous comparons Hipparque à certains dialogues socratiques écrits par Platon, il est certain que nous découvrirons des analogies assez nombreuses. Ressemblance de part et d’autre dans la structure du dialogue : on examine successivement plusieurs définitions, on les confronte et on s’aperçoit finalement qu’on est revenu au point de départ de la discussion, on a tourné en cercle. À ce point de vue, le rapprochement d’Hipparque, 231 c et d’Euthyphron, 15 b ou d’Hippias Majeur, 303 e, 304 a, est assez caractéristique. Ressemblance également dans le développement de certaines idées : il est fort possible que la doctrine des contraires insinuée dans le passage où l’on oppose le gain à la perte, le bien au mal (226 e-228 b), implique la théorie du Protagoras d’après laquelle à un contraire un seul contraire s’oppose et non plusieurs (332 c). En tout cas, les recherches sur l’élément commun qu’il faut reconnaître pour déterminer la notion précise du gain (230 b-231 b), rappellent étonnamment les discussions du Ménon (72 a et suiv.) et surtout d’Hippias Majeur (299 d, 300 a).

La langue de l’auteur est assez pure et ne décèle guère d’expressions d’une époque postérieure. C’est le style attique du ve et du ive siècle. U. v. Wilamowitz-Moellendorff, toutefois, affirme que l’interpellation ὡς γλυκύτατε (227 d) est certainement d’usage assez tardif et qu’on la trouve pour la première fois dans les dernières comédies. Pour le même motif, le critique allemand note comme un signe d’inauthenticité de l’Hippias Majeur la formule ὡς γλυκὺς εἶ (288 b),

  1. Var. Hist. VIII, 2, εἰ δὴ ὁ Ἵππαρχος Πλάτωνος ἐστι τῷ ὄντι.
  2. À peu près seul, Eckert a essayé d’établir l’authenticité d’Hipparque dans son travail Dialektischer Scherz in den früheren Gesprächen Platons. Nürnberg, 1911, p. 46-56.