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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/92

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HIPPARQUE OU L’HOMME CUPIDE

mais sur des points essentiels, il suit la source oligarchique[1]. Les premiers s’efforcent de donner au meurtre une couleur politique et de représenter Harmodios et Aristogiton comme les libérateurs du peuple ; les autres veulent, au contraire, que seuls des intérêts privés aient été à l’origine de la sédition et pensent ainsi mettre hors de cause le régime tyrannique. Mais parmi ces derniers, des divergences notables méritent d’être signalées. Thucydide ne cherche nullement à disculper Hipparque. Il rejetterait plutôt sur lui la responsabilité des événements. Aristote charge surtout Thettalos, fait l’éloge d’Hippias, l’homme sage et prudent, et dépeint Hipparque comme une nature plus brillante que sérieuse. Le pseudo-Platon se fait l’apologiste d’Hipparque et, dans ce but, transforme la légende de sa mort, en invoquant une tradition peu répandue[2]. Seul entre tous les historiens et narrateurs à nous connus, le pseudo-Platon considère Hipparque comme le vrai chef d’État, le successeur de Pisistrate dont il serait le fils aîné. Or, c’est contre cette version que Thucydide s’élève avec force et par deux fois. Il critique vivement une fable qui tend à s’accréditer, une fable qui, aujourd’hui, n’a pour nous d’autre témoin que l’auteur d’Hipparque. De ces faits, nous essaierons de tirer quelques conclusions pour dater le dialogue.

III

AUTHENTICITÉ ET DATE

Aristophane de Byzance n’a point catalogué l’Hipparque dans ses trilogies, mais peut-être le rangeait-il parmi les ἄτακτα qui suivent, ainsi que l’affirme Boeckh[3]. Thrasylle le

  1. Aristote fait des emprunts à la source démocratique. Nous les négligeons ici, car ils n’intéressent pas directement notre sujet. Voir Const. d’Athènes, édit. Mathieu-Haussoullier (collect. Budé), p. x et p. 19 ; — Glotz, Hist. gr., I, p. 463.
  2. Hipparque, 229 b, λέγεται δὲ ὑπὸ τῶν χαριεστέρων ἀνθρώπων καὶ ὁ θάνατος αὐτοῦ γενέσθαι οὐ δι’ ἃ οἱ πολλοὶ ᾠήθησαν
  3. Comment. in Platonis quo uulgo fertur Minoem eiusdemque libros priores de legibus, Halae, 1806.