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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/21

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AVERTISSEMENT.


faire ainsi nos introducteurs auprès du public lettré[1] de recevoir ici l’expression de notre gratitude. Nous devons à cet égard des remercîments tout particuliers à M. Ad. Franck, membre de l’Académie des Sciences morales, et à M. Charles Lévêque, professeur au Collége de France, dont les comptes rendus, par leur étendue et par l’examen approfondi auquel ils se sont livrés, sont de véritables études sur les Ennéades bien plutôt que de simples articles[2].

  1. M. Ch. Jourdain (Journal général de l’Instruction publique, 2 mars 1859) ; M. L. Monty (Constitutionnel, 23 janvier 1859, et Revue européenne, 15 décembre 1859) ; M. E. de Suckau (Revue de l’Instruction publique, 28 mars 1859) ; M. A. Chassang (le Pays, 5 avril 1859) ; M. l’abbé Cognat (l’Ami de la Religion, 7 et 26 août 1859) ; M. Ch. Lévêque (Journal des Savants, octobre 1859) ; M. F. Claude (Revue française, 1er et 20 juin, 1er et 10 juillet 1859) ; M. Ad. Franck (Journal des Débats, 21 et 24 juillet 1860). Nous devons mentionner aussi un article publié dans The Literary Gazette de Londres (10 février 1860), article dont nous regrettons de ne pas connaître l’auteur. Ajoutons que le Conseil impérial de l’Instruction publique, appelé à désigner les ouvrages dignes des encouragements de l’État, a cru devoir signaler au choix du ministre notre traduction des Ennéades et que, d’après son avis, M. le Ministre s’est empressé d’y souscrire.
  2. Qu’il nous soit permis, au risque de paraître blesser la modestie, de citer ici quelques lignes de l’article de M. Franck, parce qu’elles caractérisent fort bien le but et la nature de notre œuvre : « Pendant qu’on nous vante avec exaltation l’érudition allemande, voici un Français qui poursuit courageusement, au milieu du silence, une des entreprises les plus difficiles dont la science se soit occupée depuis longtemps. Faire passer dans notre langue les Ennéades de Plotin, c’est-à-dire un des systèmes les plus ardus et les plus compliqués qu’ait jamais inventés le génie de la métaphysique, et en même temps un des monuments les plus obscurs de la langue grecque à l’époque de sa décomposition et de sa décadence, c’était déjà une tâche qui pouvait suffire aux plus savants et aux plus hardis ; mais M. Bouillet ne s’en est pas contenté. À sa traduction, toujours rigoureusement fidèle, écrite de ce style sobre et clair qu’exigeait l’austérité du sujet, et qui cependant par intervalles s’élève jusqu’au ton de la poésie quand l’auteur lui-même substitue au raisonnement le langage de l’inspiration, vient se joindre un autre travail non moins précieux. Par une multitude de notes, de citations et d’éclaircissements, M. Bouillet nous fait connaître ce que Plotin a pris aux plus illustres de ses devanciers, ce qu’il doit à Platon, à Aristote, aux Stoïciens, à Philon, et quelle influence il a exercée à son tour sur ses successeurs, non-seulement sur les philosophes de son école, tels que Porphyre, Jamblique, Proclus, Simplicius, Olympiodore, mais sur ceux qui paraissent le plus étrangers à la connaissance de ses écrits et à la tradition de son enseignement, Arabes, Juifs, auteurs scolastiques, Pères de l’Église, jusqu’aux écrivains du xviie siècle, à qui l’on ne reconnaît pas d’autre maître que Descartes ou eux-mêmes, Bossuet, Fénelon, Leibnitz. Chacune des idées de l’auteur alexandrin nous est présentée, si je puis m’exprimer ainsi, avec sa généalogie et sa postérité, avec tous les moyens de nous assurer de son originalité et de sa puissance. On ne trouvera nulle part des preuves plus abondantes et plus irrécusables de cette unité de principes, de cette identité de la pensée humaine, perennis quœdam philosophia, qui domine et qui embrasse tous les systèmes, et de cette alliance étroite qui a longtemps existé entre la philosophie et la théologie, entre les doctrines néoplatoniciennes et celles des Pères de l’Église. »