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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/232

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LIVRE PREMIER.


Que font donc ici les puissances ? Celui qui est naturellement capable de combattre au pugilat le doit à une certaine disposition. Il en est de même de celui qui est inhabile à quelque chose. En général, la qualité consiste dans un caractère qui n’est pas essentiel : ce qui parait concourir à l’essence ou s’y ajouter, comme la couleur, la blancheur, et en général la couleur, concourt à l’essence en tant qu’il constitue une chose distincte d’elle, qu’il est son acte ; mais il occupe un rang inférieur à l’essence, il provient d’elle, il s’y attache comme une chose étrangère, il est son image et son ombre.

Si la qualité consiste dans une forme, dans un caractère et une raison, comment y rapporter l’impuissance et la laideur ? Il faut dire que ce sont des raisons imparfaites, comme on le reconnaît pour la laideur[1]. Mais comment y a-t-il une raison dans la maladie ? Il y a en elle la raison de la santé, mais elle y est altérée. Au reste, il n’est pas besoin de rapporter tout à une raison : il suffit de reconnaître comme caractère commun une certaine disposition étrangère à l’essence, de telle sorte que ce qui s’ajoute à l’essence soit une qualité du sujet[2]. La triangularité est une qualité du sujet dans lequel elle se trouve, non en tant qu’elle est triangularité, mais en tant qu’elle se trouve dans ce sujet et qu’elle lui a donné sa forme. L’humanité aussi a donné à l’homme sa forme ou plutôt son essence.

XI. S’il en est ainsi, pourquoi reconnaître plusieurs espèces de qualité ? Pourquoi distinguer la capacité et la disposition[3] ? Que la qualité soit durable ou non, elle est toujours la même : car il suffit d’une disposition, quelle qu’elle soit, pour constituer une qualité ; la permanence

  1. Voy. Enn. I, liv. VI, § 2 ; t. I, p. 102.
  2. Cette définition est citée et discutée par Simplicius dans son Commentaire des Catégories, folio 60, e.
  3. Voy. le passage d’Aristote cité ci-dessus p. 167, note 3.