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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/276

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LIVRE DEUXIÈME.


dans toute âme, que la vie réside dans l’intelligence, en reconnaissant qu’il y a [outre l’âme et son essence] l’intelligence et sa vie, nous poserons comme un genre ce qu’il y a de commun dans toute vie, savoir le mouvement ; par conséquent, l’essence et le mouvement, qui est la vie première, feront pour nous deux genres. Quoiqu’ils ne fassent qu’une seule chose [dans l’existence], ils sont séparés par la pensée qui considère comme n’étant pas un ce qui est un ; sinon, elle ne saurait rien séparer. D’ailleurs, tu peux dans les autres objets voir clairement l’être séparé du mouvement ou de la vie, quoique leur être ne soit pas l’être véritable, qu’il n’en soit que l’ombre et l’homonyme. De même que dans l’image d’un homme il manque plusieurs choses, entre autres la plus importante, la vie ; de même, dans les objets sensibles, l’être n’est qu’une ombre de l’être véritable, parce qu’il y manque le plus haut degré de l’être, degré qui dans l’archétype est la vie. Ne voyons-nous pas ainsi qu’il est facile de séparer d’un côté la vie d’avec l’être, de l’autre l’être d’avec la vie ? L’être est un genre et renferme plusieurs espèces : or le mouvement doit être placé non sous l’être, ni dans l’être, mais sur la même ligne que l’être ; s’il se trouve en lui, ce n’est pas qu’il l’ait pour sujet, c’est qu’il en est l’acte ; aucun des deux ne peut exister sans l’autre que par la pensée. Ces deux natures n’en font qu’une : car l’être n’est pas en puissance, mais en acte ; et si l’on conçoit ces deux genres séparés l’un de l’autre, on verra encore que le mouvement est dans l’être et que l’être est dans le mouvement. Dans l’unité de l’être, les deux éléments se supposent réciproquement quand on les considère chacun séparément ; mais la pensée affirme leur dualité, et montre que chacune des deux espèces est une unité double.

Puisque c’est dans la sphère de l’être qu’apparaît le mouvement, qu’il en manifeste la perfection bien loin d’en diviser l’essence, puisqu’enfin l’être doit persévérer tou-