Aller au contenu

Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
SIXIÈME ENNÉADE.

ce qui n’est pas dans un sujet. Si l’on ajoute que la substance ne se dit d’aucun sujet, il faut ajouter encore en tant que ce sujet est autre chose qu’elle : autrement l’homme, affirmé de tel homme, ne se trouverait pas compris dans la définition de la substance, si [en affirmant que la substance ne se dit d’aucun sujet] nous n’ajoutions : en tant que ce sujet est autre chose qu’elle. Quand je dis : Socrate est homme, c’est comme si je disais : Le blanc est blanc, et non : Le bois est blanc ; en affirmant en effet que Socrate est homme, j’affirme qu’Un certain homme est homme, que L’homme qui est dans Socrate est homme ; c’est la même chose que si je disais : Socrate est Socrate, ou : Tel animal raisonnable est animal.

Mais, objectera-t-on peut-être, la propriété de la substance ne consiste pas à n’être pas dans un sujet : car la différence [bipède, par exemple] est aussi une des choses qui ne sont pas dans un sujet[1]. — Si l’on considère bipède comme une partie de la substance, on est forcé de reconnaître que bipède n’est pas dans un sujet ; si l’on n’entend pas par bipède telle substance, mais la propriété d’être bipède, alors on ne parle plus d’une substance, mais d’une qualité, et bipède sera dans un sujet. — Mais le temps et le lieu ne paraissent pas être dans un sujet. — Si l’on définit le temps « la mesure du mouvement[2], » ou le temps sera

    point dans un sujet. Ainsi la substance première [Socrate] n’est pas dans un sujet et ne se dit d’aucun sujet. Quant aux substances secondes [homme], il est tout aussi évident qu’elles ne sont pas dans un sujet. L’homme peut se dire d’un homme quelconque comme sujet, mais n’est pas dans ce sujet : car l’homme n’est pas dans un homme. » (Aristote, Catégories, II, ch. v ; trad. fr., p. 65.)

  1. « La différence aussi est une des choses qui ne sont pas dans un sujet : ainsi, terrestre, bipède, se disent de l’homme comme sujet, et cependant ne sont pas dans un sujet : car le bipède, le terrestre n’est pas dans l’homme. » (Aristote, ibid. ; trad. fr., p. 67.)
  2. Sur ce point, Voy. Enn. III, liv. VII, § 8 ; t. II, p. 191-195.