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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/340

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LIVRE TROISIÈME.

serrent des organes et consultent les sens, sont des dispositions de l’âme, mais de l’âme appliquée aux objets corporels, et, par conséquent, ils doivent être mis au nombre des qualités sensibles[1]. On peut placer aussi dans ce genre les vertus pratiques, qui se renferment dans les devoirs civils, et qui, au lieu d’élever l’âme vers les choses intelligibles, cherchent la perfection dans les actes de la vie politique, les regardent, non comme une nécessité de notre condition, mais comme une occupation préférable à tout le reste[2]. Nous compterons également au nombre de ces qualités le beau qui se trouve dans la raison séminale, et, à plus forte raison, le blanc et le noir.

Mais l’âme qui est disposée de telle façon et qui contient de telles raisons [c’est-à-dire des facultés, des vertus, des sciences et des arts qui se rapportent au corps et qui sont des qualités sensibles], est-elle une substance sensible[3] ? — Nous avons déjà expliqué que ces raisons elles-mêmes ne sont pas corporelles ; mais, comme elles se rapportent au corps et aux actions qu’il produit, nous les avons placées au nombre des qualités sensibles. D’un autre côté, comme nous faisons consister la substance sensible dans la réunion de toutes les choses que nous avons énumérées, nous ne mettrons pas la substance incorporelle dans le même genre qu’elle. Quant aux qualités de l’âme, elles sont sans doute toutes incorporelles, mais comme elles sont des passions qui se rapportent aux choses

  1. Voy. ci-dessus Enn. V, liv. IX, § 11, p. 144-145.
  2. Voy. ce que Plotin dit des vertus civiles dans l’Enn. I, liv. II, § 1 ; t. I, p. 52-55.
  3. Pour le solution de cette question, Voy. ci après le liv. VII, § 5, où Plotin dit ; « Les raisons séminales sont les actes de l’âme qui engendre l’animal, laquelle est une âme plus puissante et par cela même plus vivante. L’âme de telle nature, présente à la matière disposée de telle façon [puisque l’âme est telle ou telle chose selon qu’elle est dans telle ou telle disposition], même sans le corps, constitue l’homme, etc. »