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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/341

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SIXIÈME ENNÉADE.

terrestres, nous les plaçons dans le genre de la qualité, ainsi que les raisons de l’âme individuelle. Nous attribuons ainsi à l’âme la passion, mais en partageant celle-ci en deux éléments, dont l’un se rapporte à l’objet auquel elle s’applique, et l’autre au sujet dans lequel elle existe[1] : nous ne regardons pas les passions comme des qualités corporelles, mais nous admettons qu’elles se rapportent au corps[2]. D’un autre côté, quoique nous placions les passions dans le genre de la qualité, nous ne rapportons pas l’âme elle-même à la substance corporelle. Enfin, quand l’âme est conçue sans les passions et sans les raisons dont nous venons de parler, nous la rapportons au monde dont elle descend[3], et nous ne laissons ici-bas aucune essence intelligible, de quelque sorte qu’elle soit.

XVII. Nous diviserons donc les qualités en qualités de l’âme et qualités du corps[4]. Si l’on pense que toutes les âmes existent là-haut [ainsi que leurs qualités immatérielles ], cela n’empêche pas de diviser leurs qualités inférieures d’après les sens, en rapportant ces qualités soit à la vue, soit à l’ouïe, soit au tact, soit au goût, soit à l’odorat ; nous rapporterons également à la vue les différences des couleurs, à l’ouïe, celle des sons, et de même pour les autres sens ; quant aux sons, en tant qu’ils ont une qualité, nous les diviserons en doux, durs, agréables, etc.[5].

C’est par la qualité que nous distinguons les différences qui appartiennent à la substance, ainsi que les actes, les actions qui sont belles ou laides, et, en général, telles ou telles. Si nous laissons de côté la quantité (car

  1. Voy. Enn. III, liv. VI, § 4 ; t. II, p. 132-135.
  2. Ceci se rapporte à ce qu’Aristote dit des qualités affectives de l’âme. Voy. ci-dessus p. 167, note 3.
  3. Voy. Enn. I, liv. I, § 2 ; t. I, p. 36-37.
  4. Aristote divise de la même manière les qualités affectives. Voy. les Catégories, II, ch. VIII, § 8-13 ; trad. fr., p. 97-100. Voy. aussi Simplicius, Commentaire des Catégories, fol. 69, e, et fol. 70, a-g.
  5. Voy. ci-dessus liv. I, § 12, p. 173.