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LIVRE TROISIÈME.

qualités seulement les habitudes et non les simples dispositions[1] : étant chaud, par exemple, et non s’échauffant, étant malade, et non devenant malade.

XX. Toute qualité a-t-elle un contraire[2] ? — Pour le vice et la vertu, il y a entre les extrêmes une qualité intermédiaire qui est le contraire de chacun d’eux[3] ; mais, pour les couleurs, les intermédiaires ne constituent pas des contraires. Si l’on dit que cela a lieu parce que les couleurs intermédiaires sont des mélanges des couleurs extrêmes, il ne fallait pas diviser les couleurs en extrêmes et en intermédiaires et les opposer les unes aux autres, mais plutôt diviser le genre

  1. « La disposition diffère de la capacité en ce que l’une est mobile, tandis que l’autre est plus durable et moins changeante. » (Aristote, ibid., trad. fr., p. 96.)
  2. « Les contraires existent aussi pour la qualité. Ainsi la justice est le contraire de l’injustice, la blancheur de la noirceur et ainsi du reste. Ceci s’applique aussi aux qualitatifs formés d’après ces qualités : par exemple, le juste est opposé à l’injuste, le blanc au noir. Cette propriété n’est pas cependant générale : ainsi roux, pâle, et telles autres couleurs pareilles n’ont pas de contraire, quoique ce soient là aussi des qualitatifs. » (Aristote, Catégories, II, ch. VIII ; trad. de M. Barthélemy Saint-Hilaire, p. 103.)
  3. « Toutes les fois que les contraires sont tels que l’un des deux doit de toute nécessité se trouver ou dans les choses qui les possèdent naturellement, ou dans celles auxquelles on les attribue, il n’y a pas d’intermédiaire entre eux. Pour ceux au contraire dont l’un des deux ne doit pas nécessairement exister, il y a toujours quelque intermédiaire. Ainsi la santé et la maladie sont par nature dans le corps de l’animal ; de toute nécessité l’une des deux, maladie ou santé, doit y être… Ici aucun intermédiaire. Mais pour les contraires où l’alternative n’est pas nécessaire il y a des intermédiaires : par exemple, blanc et noir sont des qualités naturelles du corps, mais il n’est pas indispensable que l’un ou l’autre appartienne au corps, puisque tout corps n’est pas nécessairement blanc ou noir... Aussi existe-t-il entre ces contraires-là des intermédiaires ; par exemple, entre le blanc et le noir, il y a le gris et le pâle, et bien d’autres nuances. » (Aristote, Catégories, III, ch. x ; trad. fr., p. 111.)